Amusante histoire au demeurant. Digne d’un conte voltairien.
L’aquarelle en question est visible ici.
Amusante histoire au demeurant. Digne d’un conte voltairien.
L’aquarelle en question est visible ici.
Nicolas Jacques, portrait en miniature du Prince de Galles, futur George IV, aquarelle et gouache sur feuille d'ivoire, 13,3 x 9,3 cm, sbd, ca 1800. Collection privée.
Aujourd’hui, j’ai décidé de célébrer à ma manière le mariage royal britannique. Pour ce faire, une fois n’est pas coutume – mais l’occasion est belle -, je publie une pièce issue de mes propres collections.
Ce portrait en miniature est celui du prince de Galles George Augustus Frederick (1762-1830), futur George IV. Il a été réalisé, et signé, par Nicolas Jacques (1780-844), élève fameux d’Isabey et de David. Ce miniaturiste, dont le talent égala, dit-on, celui de son maître Isabey, exécuta tout au long de sa prolifique carrière de très nombreux portraits de la noblesse européenne. Pardonnez la médiocrité de la photographie, qui ne rend pas justice à ce portrait d’une qualité exceptionnelle. Mais il se trouve qu’il est protégé par un verre bombé d’époque qui fait obstacle aux prises de vue. Du moins aux miennes.
Thomas Gainsborough, portrait du Prince de Galles, futur George IV, huile sur toile, 250,1 x 186 cm, 1782. Waddesdon, The Rothschild Collection (The National Trust)
La composition de ce petit tableau est intéressante car elle s’inspire de deux oeuvres bien connues dans l’art du portrait britannique. Tout d’abord, elle est manifestement inspirée (tout en étant inversée, mais je ne pense pas que Nicolas Jacques ait travaillé d’après une gravure) du portrait du prince de Galles réalisé par Thomas Gainsborough (1727-1788), conservé dans les collections Rothschild à Waddesdon Manor.
J Jacob Miltenberg, Prince de Galle, futur Georges IV, miniature sur ivoire, ca 1782, The Royal Collection.
Les collections royales britanniques possèdent d’ailleurs une miniature, due à J. Jacob Miltenberg, achetée par la reine Mary, qui reprend parfaitement, quant à elle, la composition de Gainsborough.
Ma miniature n’est cependant pas la copie conforme du tableau de Gainsborough. La position du cheval, tout d’abord, est très différente. De sorte qu’il est également patent que Nicolas Jacques avait connaissance du portrait du capitaine Robert Orme par Joshua Reynolds (1723-1792).
Joshuah Reynolds, Le Capitaine Robert Orme, huile sur toile, 240 x 147 cm, sd 1756, Londres, The Trustees of the National Gallery.
Par ailleurs, le chapeau est lui aussi un élément fort, qui attire l’oeil, très représentatif de la mode en usage dans les années 1793-1800. Peut-être cette miniature est-elle inspirée d’une autre œuvre dont j’ignore l’existence. Ou peut-être encore Nicolas Jacques a-t-il éprouvé le désir de moderniser le portrait du prince, de le mettre plus au goût du jour en faisant un « mix » intéressant, pour ainsi dire, entre l’œuvre de Gainsborough et celle de Reynolds.
Richard Cosway, Le Prince de Galles, futur George IV, aquarelle sur ivoire, 98 x 73 mm, ca 1780-1782.
Pour compléter la série, voici une autre miniature représentant le prince, et due au célèbre Richard Cosway (1741-1821), qui est conservée dans les collections de la National Portrait Gallery.
J’ignore malheureusement tout de l’origine de ma miniature, de sa provenance et son pedigree. Et si quelqu’un pouvait m’apporter des éclaircissements à ce sujet, je lui en serais très reconnaissant.
Pour finir, je souhaite longue vie au prince William et à la duchesse de Cambridge !
La passionnante exposition L’Antiquité rêvée. Innovations et résistances au XVIIIe siècle, qui est présentée au Musée du Louvre, se termine le 14 février. Ne la manquez sous aucun prétexte !
Nicolas Poussin, Le Testament d'Eudamidas, huile sur toile, 110 x 138 cm, Copenhague, Statens Museum for Kunst. Photo : Statens Museum for Kunst
Et puis, les plus observateurs et les plus avisés d’entre vous ne manqueront pas de s’arrêter devant Le Testament d’Eudamidas, cette merveilleuse oeuvre de Nicolas Poussin qui a marqué l’esthétique de la seconde moitié du XVIIIe siècle de façon décisive. Merveilleuse oeuvre que, soit dit en passant, nous avons rarement l’occasion de voir, puisqu’elle se trouve conservée au Statens Museum for Kunst de Copenhague.
- Merveilleuse oeuvre, enfin, dont nous proposons à vos yeux émerveillés et incrédules une rare et magnifique copie, de mêmes dimensions, datant de la fin du XVIIIe siècle.
Pour plus de renseignements sur cette exposition, lire l’article de la Tribune des arts qui lui est consacrée.
« Pourquoi ne faites-vous pas plus de publicité ? » Cette question, qui revient comme une antienne, m’a encore été posée hier. Tant il est vrai, en effet, que je ne fais aucune publicité quant à mes activités d’expert et de courtier en objets d’art anciens. Alors la question, oui, pourquoi ? Je vais tâcher de répondre ici à ce pourquoi, une fois pour toutes. Cela me permettra, la prochaine fois que la question m’est posée, de renvoyer à ce billet et de m’épargner tout nouveau discours sur le sujet. Un blog est un outil bien pratique en définitive ! Lire la suite
Paire de vases en bois pétrifié à monture de bronze doré, vers 1780, ancienne collection de la reine Marie-Antoinette, Paris, Musée Nissim de Camondo.
Il m’avait échappé que le Musée Nissim de Camondo, à Paris, avait – enfin ! – un site web digne de ce nom.
Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, ce musée est un enchantement. Il rassemble, dans un écrin tout exprès construit pour elles (un bel hôtel particulier édifié juste avant la Première Guerre mondiale par l’architecte qui, pour l’occasion, s’est fortement inspiré du Petit Trianon d’Ange Jaques Gabriel), les collections réunies par Moïse de Camondo, au tournant du XIXe siècle et dans les premières années du XXe. Ce collectionneur, qui appartenait à une riche famille de banquiers d’origine italienne, avait pour ambition de recréer l’atmosphère d’une habitation aristocratique de la seconde moitié du XVIIIe siècle.
L’intérêt de ce musée est donc double. Il permet d’une part de voir, mises en situation, des collections d’une qualité exceptionnelle ; ainsi, le visiteur parcourt les salons comme s’ils étaient encore habités par le propriétaire des lieux. D’autre part, ces intérieurs sont passionnants, car grâce à eux, nous pouvons nous faire une idée assez précise du goût à la fin du XIXe siècle et de la façon dont on envisageait, à cette époque, les décors du XVIIIe.
A l’évidence, un de mes musées favoris.
Allez visiter ce site très bien fait. Vous ne le regretterez pas, car il vous donnera l’envie de visiter ensuite le musée lui-même.