Paire de grands candélabres Charles X en bronze doré et à mécanisme

Paire de grands candélabres à mécanisme

Origine / signature : Paris.

Epoque : Charles X, ca 1830.

Matériau(x) : Bronze ciselé et doré.

Dimensions : 94 cm (hauteur).

Particularités : Ces candélabres très richement décorés se composent d’une base, d’un fût et d’un arbre de lumière. Portée par trois pattes de lion, la base cylindrique est ornée d’une frise de putti en bas-relief. Cette base supporte un fût cannelé, orné d’une double frise rayonnante de feuilles d’acanthes stylisées sur le premier tiers et d’une frise de feuilles d’eau en partie supérieure. Du fût s’échappe un bouquet de lumière à dix binets répartis sur trois niveaux (six, trois et un) portés par des rinceaux feuillagés. Tout en haut, le binet central accueille un éteignoir à motif de flamme qui peut laisser place à une dixième chandelle.

Ces candélabres ont la rarissime particularité d’avoir été conçus de manière à offrir deux systèmes d’éclairage – l’un à bougies, l’autre à huile. En effet, si l’arbre de lumière amovible est destiné à accueillir des chandelles, la base et le fût, quant à eux, incorporent un mécanisme d’horlogerie du type de celui qui fut inventé par Guillaume Carcel. Ces lampes sont d’ailleurs connues tout à la fois sous le nom de leur inventeur et sous l’appellation « lampes à mécanisme d’horlogerie ».

L’ouvrage consacré aux Objets civils et domestiques [1] les définit ainsi :

Lampe à pompe dont le pied en matériaux divers contient le réservoir surmonté du corps de pompe à modérateur et dans lequel se meut un piston actionné par un système de mécanisme d’horloge avec remontoir placé soit à côté, soit au-dessous du réservoir. Cette lampe est caractérisée par la présence d’un trou pour la tête du remontoir à clé actionnant le système d’horloge situé à la même hauteur que ce dernier, généralement dans la partie inférieure du pied ; elle comporte une cheminée et un globe.

Et à propos de Guillaume Carcel (1750-1818) :

Horloger à Paris qui mit au point ce système d’alimentation régulière de l’huile ; la mèche brûle à blanc constamment imprégnée d’huile fraîche ; Carcel mit également au point le porte-verre mobile. Cette lampe dont le brevet fut déposé en 1800 sous le nom de Carcel et Carreau (pharmacien, son associé qui trouva des moyens pour épurer l’huile), fut également répandue sous les marques « Cochot », « Gotton », « Ménage »… Gagneau donna aussi son nom à la lampe dite « Gagneau » (avant le brevet déposé en 1817) consistant en une lampe Carcel dont le mécanisme est perfectionné par un système de double pompe.

Ce type de candélabres ayant été conçu pour fournir soit un éclairage traditionnel (et coûteux !) à chandelles, soit un éclairage à huile, il est probable qu’il ait été vendu dès le départ en étant muni au choix, soit d’un seul système soit des deux, selon l’usage qu’on souhaitait en faire. Il n’est donc pas étonnant de trouver ces candélabres dotés des arbres de lumière en bronze, mais pas des globes en verre, attendu qu’ils ont sans doute toujours été utilisés en tant que candélabres et non en tant que lampes. Enfin, même s’il est toujours hasardeux d’attribuer la paternité d’un modèle en bronze doré à un bronzier plutôt qu’à un autre, le dessin équilibré et la qualité de la ciselure de ces candélabres permettent de les rapprocher de modèles similaires réalisés par Pierre-Philippe Thomire (1751-1843) et Pierre-François Feuchère (1737-1823) dont les ateliers étaient parmi les principaux à fournir ce type d’objets d’art sous la Restauration [2].

Marie-France Dupuy-Baylet, L'Heure, le feu, la lumière. Les Bronzes du Mobilier national 1800-1870, Dijon, Éditions Faton, 2010, pp 278-279.

Marie-France Dupuy-Baylet, L’Heure, le feu, la lumière. Les Bronzes du Mobilier national 1800-1870, Dijon, Éditions Faton, 2010, pp 278-279.

Par ailleurs, le récent ouvrage consacré aux objets en bronze doré du Mobilier national [3], présente, au numéro 152 du catalogue [pp. 278-279], un modèle de candélabres qui n’est pas sans rappeler ceux qui nous occupent. Dépourvu de tout mécanisme, mais de dimensions quasi identiques (101 cm de hauteur), ces candélabres comportent le même nombre de lumières porté par un fût cannelé soutenu par trois pieds griffes. Ils furent livrés par Jean-François Denière, « Fournisseur du Roi, de la Reine des Princes et Princesses & du Garde-Meubles de la Couronne Magasin Rue Vivienne, no 15, manufacture rue d’Orléans au Marais, no 9″, vers 1832, afin de garnir la Salle du Billard du palais des Tuileries, et ce pour la somme de 1400 francs de l’époque. Comme le rappelle Mme Dupuy-Baylet, l’inventaire des Tuileries de 1833 indique leur présence. Puis ils quitteront cet emplacement pour le palais de l’Elysée en 1849. « En 1866, ils sont portés à l’inventaire du ministère de la maison de l’Empereur et, plus précisément, dans le troisième salon des grands appartements, emplacement qu’ils conservent jusqu’en 1874, année de leur restitution [au Garde-Meuble]. »

Etat : Excellent état des bronzes, de la dorure et du mécanisme.

Restaurations : Aucune.

Prix : Nous consulter.

Notes bibliographiques

[1] Principes d’analyse scientifique. Objets civils et domestiques, Paris, Imprimerie nationale, 1984. Ouvrage publié par le Ministère de la culture et faisant partie de l’inventaire des monuments et des richesses artistiques de la France.

[2] Voir en particulier les modèles illustrés dans l’ouvrage de Hans Ottomeyer et Peter Pröschel, Vergoldete Bronzen. Die Bronzearbeiten des Spätsbarock und Klassizismus, Munich, Klinkhardt & Biermann, 1986.

[3] Marie-France Dupuy-Baylet, L’Heure, le feu, la lumière. Les Bronzes du Mobilier national 1800-1870, Dijon, Éditions Faton, 2010.

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